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Immobilier

Annonces immobilières : quand regarder devient un passe-temps ?

Annonces immobilières : quand regarder devient un passe-temps ?

Un Français sur deux consulte régulièrement des annonces immobilières… sans vouloir acheter. Ce chiffre étonnant provient d’une enquête Notariat Services, menée en juin 2025 sur le site immonot.com auprès de 1 164 internautes. Ce phénomène porte un nom : le tourisme immobilier. Loin d’être marginal, il reflète une tendance de fond. Pour beaucoup, les annonces deviennent un loisir du quotidien. Elles font rêver, inspirent, et permettent de mieux connaître le marché. Les professionnels doivent s’adapter. Derrière chaque clic, un futur projet peut émerger. Comment capter l’attention de ces curieux ? Comment transformer une simple visite virtuelle en démarche concrète ?

Sommaire :

À retenir – Les points clés du tourisme immobilier

  • 50% des Français consultent des annonces immobilières sans projet d’achat concret
  • 63% regardent des biens hors budget pour rêver, dont 5,7% régulièrement
  • 55,5% considèrent cette pratique comme une veille stratégique utile
  • 55,4% estiment que cela complique le travail des professionnels
  • 11% ont déjà visité physiquement un bien sans intention d’achat
  • Le notaire doit devenir un “éclaireur” dès les premières réflexions

Qu’est-ce que le tourisme immobilier en ligne ?

Le “tourisme immobilier” séduit de plus en plus d’internautes. Cette pratique consiste à consulter des annonces sans avoir de projet d’achat concret. L’étude menée en juin 2025 par Notariat Services, auprès de 1 164 utilisateurs d’immonot.com, lève le voile sur ces nouveaux comportements. Près de 26,3% des répondants surveillent le marché sans intention immédiate d’acheter. En parallèle, 49,7% se déclarent en recherche active.

Pour ces visiteurs virtuels, les portails immobiliers deviennent un outil de veille stratégique. Ainsi, ils les utilisent pour évaluer les prix, scruter les tendances et ajuster leurs projections personnelles. Une façon moderne de prendre le pouls du marché, sans forcément passer à l’achat.

Les motivations des consultants d’annonces immobilières sans projet

Consulter des annonces ne relève pas toujours d’un projet concret. Selon l’enquête Notariat Services, cette pratique répond aussi à des besoins psychologiques profonds. En effet, 17,1% des internautes le font par pur plaisir. Pour eux, la recherche immobilière devient un divertissement numérique, une routine aussi familière qu’Instagram ou Netflix.

Visiter sans acheter : nouveau loisir français ?
Visiter sans acheter : nouveau loisir français ?

Plus étonnant encore : 63% consultent des biens hors budget, dont 5,7% de façon régulière, juste pour rêver. Ces “rêveurs immobiliers” trouvent dans les annonces une porte d’entrée vers une vie fantasmée, un ailleurs idéalisé.

Comportements spécifiques sans projet d'achat
Comportements spécifiques sans projet d’achat

Comment les Français utilisent-ils les annonces immobilières ?

La consultation comparative et projective

Consulter les annonces ne sert pas qu’à acheter ! Ainsi, 16,1% des internautes les utilisent pour comparer avec leur propre logement. Cette pratique révèle un besoin croissant d’évaluation informelle du patrimoine personnel. Les sites immobiliers deviennent un outil de comparaison gratuit. Chacun y mesure la valeur perçue de son bien, sans passer par un expert. Un réflexe de plus en plus courant.

Par ailleurs, 25% des utilisateurs préparent un projet futur, sans date précise. Ils transforment leur navigation en veille stratégique immobilière, souvent sur plusieurs mois. Ces acheteurs potentiels forment une cible précieuse pour les professionnels. Encore faut-il les détecter, les comprendre et les accompagner dans la durée.

L’inspiration décorative et lifestyle

4,4% des internautes consultent les annonces pour trouver des idées d’aménagement ou de décoration. En réalité, ils détournent l’usage initial du site pour nourrir leur créativité domestique. Les photos haute définition et descriptions détaillées deviennent des sources d’inspiration. Ainsi, les utilisateurs scrutent les intérieurs pour s’inspirer de couleurs, de matériaux ou de mobilier.

Cette tendance rejoint l’essor des réseaux sociaux lifestyle. Désormais, les annonces immobilières complètent Pinterest ou Instagram, au service d’un habitat plus esthétique.

Le phénomène des visites physiques sans intention

11,1% des internautes affirment avoir déjà visité physiquement un bien sans aucune intention d’achat. Ce passage de la consultation virtuelle à la visite réelle illustre l’intensité de ce “tourisme immobilier”. Ces visites “plaisir” créent une nouvelle catégorie de prospects que les professionnels peinent à qualifier.

Fréquentation des annonces immobilières hors budget

Quel impact sur les professionnels de l’immobilier ?

Les défis pour les agents et notaires

55,4% des répondants estiment que le tourisme immobilier numérique complique le travail des professionnels. Seuls 28,5% pensent qu’il les aide à mieux cerner les tendances du marché. Certes, les plateformes attirent des millions de visiteurs, mais la qualification des prospects s’effrite. Derrière les clics, peu d’acheteurs sont réellement engagés.

Désormais, les professionnels doivent adapter leurs outils. Comment distinguer les curieux des véritables porteurs de projets ? Le scoring devient stratégique pour gagner en efficacité commerciale. Cette évolution crée une friction croissante. Plus l’information est accessible, plus le travail de ciblage devient complexe. Un enjeu crucial pour l’avenir du marketing immobilier.

Qu’est-ce que le scoring en immobilier ?

Les outils de scoring sont des systèmes d’évaluation numérique qui attribuent une note à chaque visiteur d’annonces immobilières selon sa probabilité réelle d’achat. Ainsi, ils analysent automatiquement les comportements de navigation (temps passé, pages visitées, téléchargements) et les critères déclaratifs (budget, échéance) pour distinguer les prospects sérieux des “touristes immobiliers”.

Par exemple, un visiteur qui consulte des biens cohérents avec son budget et demande une visite obtiendra un score élevé, tandis qu’un curieux regardant des propriétés de 200k€ à 2M€ sans engagement sera identifié comme faiblement qualifié. Ces technologies CRM permettent aux professionnels d’optimiser leur temps en priorisant les contacts à fort potentiel tout en adaptant leur approche commerciale selon le niveau de maturité de chaque prospect.

Le malaise des visites sans intention

L’enquête met en lumière un paradoxe frappant. En effet, près de 60% des « touristes immobiliers » avouent ressentir une gêne lorsqu’ils visitent un bien sans intention d’achat. Ce malaise latent révèle une limite éthique. Ainsi, la frontière entre une recherche d’information légitime et une démarche commerciale engageante reste floue. Pour autant, les internautes prennent conscience de l’investissement des agents immobiliers. Derrière chaque visite, un professionnel mobilise du temps, de l’énergie, des ressources. Une attente implicite d’engagement réciproque émerge… mais reste souvent insatisfaite.

Quelles solutions pour accompagner ce phénomène ?

Contrairement aux idées reçues, 55,5% des consultants considèrent cette pratique comme “une veille stratégique utile”, loin devant ceux qui y voient “une perte de temps” (27,4%) ou “un loisir agréable” (13%). Cette perception positive valide la légitimité du phénomène et invite les professionnels à l’accompagner plutôt qu’à le subir.

Nathalie Duny, directrice de communication de Notariat Services, théorise cette évolution : “Cette enquête montre que le notaire n’est pas seulement l’acteur de la transaction. Il peut et doit devenir un éclaireur, une boussole, dès le moment où naît une envie ou une simple interrogation.”

Les leviers d’accompagnement concrets

L’étude de Notariat Services va plus loin. Elle propose des solutions concrètes pour mieux capter ces profils atypiques :

  • Lever les freins dès le premier contact. D’abord, les professionnels peuvent proposer des rendez-vous d’information. Dans un premier temps, il faut rassurer, lever les freins psychologiques, créer un premier lien sans pression commerciale.
  • Occuper le terrain numérique. Ensuite, l’étude recommande d’affirmer une présence éditoriale sur les plateformes d’annonces. En partageant des contenus pédagogiques, les agents accompagnent les curieux et instaurent la confiance.
  • Anticiper les projets différés. Enfin, elle suggère de développer des outils adaptés aux projets à moyen ou long terme. Cette stratégie permet de transformer une consultation passive en accompagnement structuré, créateur de valeur sur la durée.

Recommandations pour les professionnels

Les professionnels de l’immobilier doivent adapter leur stratégie digitale à ces nouveaux comportements de navigation immobilière. Plutôt que de subir le phénomène, ils peuvent le transformer en opportunité commerciale en proposant des contenus éducatifs sur les transactions immobilières, des webinaires d’information sur le marché immobilier français et des outils de simulation personnalisés. Les portails immobiliers deviennent alors le point d’entrée d’une relation de conseil à long terme, permettant d’accompagner les futurs acheteurs potentiels dès leurs premières recherches immobilières en ligne.

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

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