Réponse de Lionel CARLI, président du Conseil national de l’Ordre des architectes au projet d’augmentation du seuil (de 20 à 40m²) en-deçà duquel les extensions de bâtiments existant sont soumises à simple déclaration préalable.
Les architectes appellent depuis plusieurs années, élus locaux et responsables politiques à la maîtrise de l’étalement urbain et à la construction de la ville sur la ville. Car comme le souligne Lionel Carli : « l’architecture durable qui allie performance, convivialité, épanouissement humain, fonctionnalité et réversibilité des lieux, mais aussi qualité esthétique, doit également se décliner dans la conception de nouveaux espaces à urbaniser, et dans la recomposition de la ville, enjeu majeur de demain. »
A cet égard, la volonté du Secrétariat au Logement, à travers la réflexion menée autour de « l’Urbanisme de Projet », de « favoriser l’évolution du bâti existant et la densification des centres urbains » tout en « accélérant la procédure d’instruction » ne peut que recueillir le soutien des architectes. Selon Lionel Carli : « Il est urgent, en effet, de recomposer les zones pavillonnaires et les franges de villes qui ont contribué à défigurer notre paysage, et ont condamné les citoyens à des trajets chronophages. Pour y parvenir, il faut revisiter les règlements urbains et de lotissements pour adapter les constructions existantes, introduire une densité adaptée ainsi qu’une certaine mixité d’occupation. »
En revanche, la solution proposée par Benoist Apparu, qui consiste à soumettre à simple déclaration préalable, les extensions de bâtiments existants dans la limite de 40m² (60m² sous certaines conditions) est un non sens pour le conseil de l’ordre des architectes.
« Ce type de mesure produira en réalité l’effet inverse des objectifs recherchés. Car le problème de fond n’est pas celui de la quantité de surface à autoriser, mais la manière dont elle est mise en œuvre, pour quels besoins, et pour quelles plus-values patrimoniales ajoutées à la construction, au bénéfice de son utilisateur et des usagers du quartier. Libérer la densité, sans la contrôler qualitativement, ne peut qu’amplifier la dégradation des sites et paysages, générer de nouveaux conflits de voisinage et de futurs contentieux de l’urbanisme. », explique Lionel Carli.
Le Conseil National de l’Ordre des Architectes demande que cette proposition, dans sa rédaction actuelle, soit retirée : « Pour les extensions supérieures à 20 m², la déclaration préalable ne peut s’envisager qu’établie et déposée par un architecte. L’accélération des mutations souhaitées des quartiers ne sera en effet porteuse de qualité architecturale et environnementale que si elle est garantie par une analyse globale de l’aménagement réalisée par ce même professionnel qualifié. »
Source : www.architectes.org
Conseil National de l’Ordre des Architectes